Midi poésie

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Midi poésie
Sylvie Kandé
Samira Negrouche
Nimrod
Yasmine Yahiatene
© Eva D Photographie
© Sylvain Durand

Sylvie Kandé, Samira Negrouche et la quête infinie de l'Afrique

Midi poésie
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
(3, rue de la Régence - 1000 Bruxelles)
12h40

Tarif soutien : 10€
Tarif réduit : 8€

Sylvie Kandé, Samira Negrouche et la quête infinie de l'Afrique

Notre calendrier | saison 77

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13

Midi poésie

Sylvie Kandé, Samira Negrouche et la quête infinie de l'Afrique

Une conféro-rencontre avec Nimrod, un poète qui nous parlera des œuvres de Samira Negrouche et Sylvie Kandé accompagné de lectures de textes de la comédienne Yasmine Yahiatene. Une génération sépare la Sénégalaise de l’Algérienne. Toutes deux ont l’Afrique chevillée au corps. Sylvie Kandé enseigne à New York depuis plus de trente ans. Samira Negrouche a voyagé un peu partout dans le monde sans jamais quitter Alger où elle est née. L’une et l’autre parlent deux ou trois langues européennes, sans compter le wolof, l’arabe, le tamazight. Ces deux poètes sont des exilées majeures pour qui la terre du poème est l’Afrique subsaharienne. Ou plutôt, c’est Léopold Sédar Senghor qui l’incarne le mieux à leurs yeux. À la connaissance de Nimrod, Samira Negrouche est l’uni­que poète du Maghreb à inscrire sa poétique au sud du Sahara. La quête infinie de l’autre rive, l’épopée en trois actes de Sylvie Kandé, résume bien leur démarche.

Café sans sucre J’aime boire le café avec un nuage de crème faux j’aime
le café sans rien sans sucre je n’aime que le nuage brumeux
de l’aube que je surprends avant le sommeil il se
glisse et comble silencieusement les creux des collines
j’aime ce filet de crème sur lequel je traverse du sein au
téton.
Elle m’a servi une eau douteuse dans un bol couleur
de terre elle dit j’ai écrit un roman mais la disquette
ne marche plus elle dit regarde mon champ d’oliviers
j’ai toujours rêvé d’avoir un verger je descends les trois
marches je regarde au loin quelques mauvaises herbes
incendiées par le soleil un citronnier bétonné comme
un pilier aveugle je dis il est beau ton champ d’oliviers
change de marque de disquettes.
Une deux je compte les gouttes qui tombent du ciel sur
le bout de plastique insolent qui traîne sur le balcon
trois quatre toutes les pensées sont bonnes à chasser
quand rien ne vient ni désir ni sommeil je cherche une
cigarette du coin de l’oeil et je ne fume même pas.
Samira Negrouche
Extrait de Le jazz des oliviers, éditions du Tell, 2010.

Génocide En bas, la rue aiguisait en riant ses couteaux.
— Pourquoi eux ? Comment calculez-vous la différence ?
Que ne donnez-vous l’ordre de suspendre cette tuerie avant
qu’elle s’étende ?
— C’est que nous, nous maîtrisons l’art des gestes ; eux
depuis la nuit des temps, se contentent de mouvements.
Advienne que pourra. Pour ma part, je m’en lave les mains.
En histrion consommé, il joignit le geste à la parole.
Éclata ce premier hurlement — un à vous glacer le sang
— suivi de vociférations. Par la baie vitrée, on vit les lames
se mettre à trancher, méthodiques, et quelques corps danser
grotesquement avant de s’effondrer.
Ce qu’il fallait démontrer, sans doute.
Sylvie Kandé
Extrait de Gestuaire, poèmes, Gallimard, 2016.

Infos pratiques Lieu : Auditoirum 120 des MRBAB, Rue de la Régence 3, 1000 Bruxelles Durée : 50 minutes

Tarif soutien : 10€ | Tarif réduit : 8€
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
12h40